Pagina's

Pierre Choderlos de Laclos




het boek: les liaisons dangereuses


L'intérêt du roman par lettres doit être maintenu par la variété des formes et des tons. Laclos y parvient par l'agencement des récits comme par le style particulier de chaque personnage. La secrète fêlure que révèlent certains d'entre eux (Valmont, Mme de Tourvel) peut commander, au terme de cette partie, une première attente de lecture :
Cécile : ses lettres manifestent sa spontanéité (lettres I, XXVII), voire sa puérilité. Elle est l'ingénue, que ses troubles (lettre III) désignent par avance comme victime.
Mme de Tourvel : elle parle le langage de la vertu (XXVI). Son style est posé, injonctif, toujours moralisateur (lettres XXXVII, XLI), mais on y perçoit l'effort, le débat intérieur.
 Mme de Merteuil : elle joue le rôle d'un "guide" (lettre XXIX), est passée maître dans l'art du persiflage (lettres V, X). Ses lettres reflètent la froideur, le calcul perfide, voire la cruauté cynique (lettre V). Son despotisme  est souligné par Valmont (lettre IV). On pourra dans l'étude de la lettre XXXIII, mettre en valeur sa volonté de puissance, à laquelle l'ordre rigoureux de sa syntaxe et de son argumentation ajoute une froide détermination.
Valmont : Mme de Volanges en donne sans doute le portrait qui paraît le plus fidèle à ce stade du récit (lettres IX, XXXII). Cynique et calculateur (lettre XXI), il est toujours à l'unisson avec Mme de Merteuil, qui reconnaît dans ses lettres "un ordre qui [le] décèle à chaque phrase." Il est le type même du libertin, pour lequel la conquête amoureuse est une chasse (lettres IV, XXIII). Pourtant il paraît plus lyrique et fougueux que Mme de Merteuil (lettres IV, VI, XV), et donc moins inébranlable.