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Romain Gary

Romain Gary / Émile Ajar 





de schrijver

Diplomaat, oorlogsheld en literair meesteroplichter: Romain Gary was het allemaal

Franse schrijver Emile Ajar is in Nederland vooral bekend dankzij zijn roman La Vie devant soi (1975). Toen Frans op de middelbare school nog een serieus vak was, belandde het boek vaak op de leeslijst. Het was niet al te dik en las makkelijk weg, hoewel de titel nog wel eens genoteerd werd als La Vie de François

Emile Ajar was een alias van schrijver Romain Gary. Uit onvrede met de kritieken die hij kreeg, bedacht hij een alias en schreef als Ajar een aantal succesvolle romans. Niemand had het door. Zo kon het gebeuren dat Ajar in 1975 voor La Vie devant soi de prestigieuze Prix Goncourt kreeg, terwijl hij die als Gary al in 1956 had gekregen voor Les Racines du ciel. En de Prix Goncourt wordt maar een keer aan dezelfde schrijver uitgereikt. 

Toch heette hij oorspronkelijk ook niet Romain Gary. Roman Kacew werd in 1914 in Litouwen geboren en naturaliseerde pas op 21-jarige leeftijd tot Fransman. Hij vocht als piloot mee met de geallieerden en werd na de oorlog diplomaat en zelfs consul-generaal. Daarna werkte hij als criticus, scenarioschrijver en filmmaker. Eind 1980 maakte hij, op 66-jarige leeftijd een einde aan zijn leven. Pas toen kwam uit dat Ajar en Gary een en dezelfde persoon waren. "Je me suis bien amusé, au revoir et merci", zo stond er in de geschriften die hij achterliet. Hij trok postuum een lange neus naar heel literair Frankrijk. 

Ter gelegenheid van zijn dertigste sterfdag verschenen er een 'beau livre' met bijdragen van o.a. Pierre Assouline en Bernard-Henri Lévy alsmede een Engelstalige biografie. En in het Musée des Lettres in Parijs is een expositie ingericht, die onlangs wegens succes is verlengd (tot 3 april). De mens Kacew/Gary/Ajar blijft de Fransen intrigeren.  

http://www.welingelichtekringen.nl/cultuur/29331/diplomaat-oorlogsheld-en-literair-meesteroplichter-romain-gary-was-het-allemaal.html

 

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" La vie devant soi " Emile Ajar 

Résumé

C'est à Belleville, au sixième sans ascenseur, chez madame Rosa, une vieille Juive qui a connu Auschwitz, et qui autrefois, il y a bien longtemps, " se défendait " rue Blondel. Elle a ouvert " une pension sans famille pour les gosses qui sont nés de travers ", autrement dit un crèche clandestin où les dames " qui se défendent " abandonnent plus ou moins leurs rejetons de toutes les couleurs. Momo, dix ans ou alentour, raconte sa vie chez Madame Rosa et son amour pour la seule maman qui lui reste, cette ancienne respectueuse, grosse, virile, laide, sans cheveux, et qu'il aime de tout son cœur - presque autant que son " parapluie Arthur ", une poupée qu'il s'est fabriquée avec un vieux parapluie ; il n'a pas de père et chez Madame Rosa, les autres gosses s'appellent Moïse ou Banania. Lorsque Madame Rosa meurt, il lui peint le visage au Ripolin, l'arrose des parfums qu'il a volés et se couche près d'elle pour mourir aussi.
Gary disait " Il me serait très pénible si on me demandait avec sommation d'employer des mots qui ont déjà beaucoup couru, dans le sens courant, sans trouver de sortie ". Dans La Vie devant soi Gary/Ajar invente un style neuf, dans le genre parlé, familier, mais sans argot, qui éclate en formules cocasses, incongrues, lapidaires. Des phrases distordues sciemment pour l'effet du rire. C'est pourquoi j'ai choisi de résumer ce roman avec les phrases d'Ajar lui-même. Cela m'a semblé devoir mieux rendre toute la sensibilité, l'émotion que le livre suscite.
" Je m'appelle Mohammed mais tout le monde m'appelle Momo pour faire plus petit. Pendant longtemps je n'ai pas su que j'étais arabe parce que personne ne m'insultait. On me l'a seulement appris à l'école.
La première chose que je peux vous dire c'est qu'on habitait au sixième à pied et que pour Madame Rosa, avec tous ces kilos qu'elle portait sur elle et seulement deux jambes, c'était une vraie source de vie quotidienne, avec tous les soucis et les peines. Elle nous le rappelait chaque fois qu'elle ne se plaignait pas d'autre part, car elle était également juive. Sa santé n'était pas bonne non plus et je peux vous dire aussi dès le début que c'était une femme qui aurait mérité un ascenseur.
Madame Rosa était née en Pologne comme Juive mais elle s'était défendue au Maroc et en Algérie pendant plusieurs années et elle savait l'arabe comme vous et moi. Je devais avoir trois ans quand j'ai vu Madame Rosa pour la première fois. Au début je ne savais pas que Madame Rosa s'occupait de moi seulement pour toucher un mandat à la fin du mois. Quand je l'ai appris, ça m'a fait un coup de savoir que j'étais payé. Je croyais que Madame Rosa m'aimait pour rien et qu'on était quelqu'un l'un pour l'autre. J'en ai pleuré toute une nuit et c'était mon premier grand chagrin.
Au début je ne savais pas que je n'avais pas de mère et je ne savais même pas qu'il en fallait une. Madame Rosa évitait de m'en parler pour ne pas me donner des idées. On était tantôt six ou sept tantôt même plus là-dedans. Il y avait chez nous pas mal de mères qui venaient une ou deux fois par semaine mais c'était toujours pour les autres.
Nous étions presque tous des enfants de putes chez madame Rosa, et quand elles partaient plusieurs mois en province pour se défendre là-bas, elles venaient voir leur môme avant et après. Il me semblait que tout le monde avait une mère sauf moi. J'ai commencé à avoir des crampes d'estomac et des convulsions pour la faire venir.
Une nuit j'ai entendu que Madame Rosa gueulait dans son rêve, ça m'a réveillé et j'ai vu qu'elle se levait. Elle avait la tête qui tremblait et des yeux comme si elle voyait quelque chose. Puis elle est sortie du lit, elle a mis son peignoir et une clé qui était cachée sous l'armoire.
Elle est allée dans l'escalier et elle l'a descendu. Je l'ai suivie. Je ne savais pas du tout ce qui se passait, encore moins que d'habitude, et ça fait toujours encore plus peur. J'avais les genoux qui tremblaient et c'était terrible de voir cette Juive qui descendait les étages avec des ruses de Sioux comme si c'était plein d'ennemis et encore pire. Quand madame Rosa a pris l'escalier de la cave, j'ai cru vraiment qu'elle était devenue macaque et j'ai voulu courir réveiller le docteur Katz. Mais j'ai continué de la suivre. La cave était divisée en plusieurs et une des portes était ouverte. J'ai regardé. Il y avait au milieu un fauteuil rouge complètement enfoncé, crasseux et boiteux, et Madame Rosa était assise dedans. Les murs, c'était que des pierres qui sortaient comme des dents et ils avaient l'air de se marrer.
Sur une commode, il y avait un chandelier avec des branches juives et une bougie qui brûlait. Il y avait à ma grande surprise un lit dans un état bon à jeter, mais avec matelas, couvertures et oreillers.
Il y avait aussi des sacs de pommes de terre, un réchaud, des bidons et des boîtes à carton pleines de sardines. Madame Rosa est restée un moment dans ce fauteuil miteux et elle souriait avec plaisir. Elle avait pris un air malin et même vainqueur. C'était comme si elle avait fait quelque chose de très astucieux et de très fort. Puis elle s'est levée et elle s'est mise à balayer. Je n'y comprenais rien, mais ça faisait seulement une chose de plus. Quand elle est remontée, elle n'avait plus peur et moi non plus, parce que c'est contagieux.
Madame Rosa avait toujours peur d'être tuée dans son sommeil, comme si ça pouvait l'empêcher de dormir. Les gens tiennent à la vie plus qu'à n'importe quoi, c'est même marrant quand on pense à toutes les belles choses qu'il y a dans le monde.
Madame Rosa se bourrait parfois de tranquillisants et passait la soirée à regarder droit devant elle avec un sourire heureux parce qu'elle ne sentait rien. Jamais elle ne m'en a donné à moi. Quand on devenait agités ou qu'on avait des mômes à la journée qui étaient sérieusement perturbés, car ça existe, c'est elle qui se bourrait de tranquillisants. Alors là, on pouvait gueuler ou se rentrer dans le chou, ça ne lui arrivait pas à la cheville. C'est moi qui étais obligé de faire régner l'ordre et ça me plaisait bien parce que ça me faisait supérieur.

La seule chose qui pouvait remuer un peu Madame Rosa quand elle était tranquillisée c'était si on sonnait à la porte. Elle avait une peur bleue des Allemands. Lorsqu'elle avait trop peur elle dégringolait jusqu'à la cave comme la première fois. Une fois je lui ai posé la question - Madame Rosa, qu'est-ce que c'est ici ?
Pourquoi vous y venez, des fois au milieu de la nuit ? C'est quoi ? Elle a arrangé un peu ses lunettes et elle a souri. - C'est ma résidence secondaire, Momo. C'est mon trou juif. C'est là que je viens me cacher quand j'ai peur. - -Peur de quoi Madame Rosa ? - - C'est pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur Momo. Ca, j'ai jamais oublié, parce que c'est la chose la plus vraie que j'aie jamais entendue.
Madame Rosa avait des ennuis de cœur et c'est moi qui faisait le marché à cause de l'escalier. Chaque matin, j'étais heureux de voir que Madame Rosa se réveillait car j'avais des terreurs nocturnes, j'avais une peur bleue de me trouver sans elle. Je devais aussi penser à mon avenir, qui vous arrive toujours sur la gueule tôt ou tard, parce que si je restais seul, c'était l'Assistance publique sans discuter.
Tout ce que je savais c'est que j'avais sûrement un père et une mère, parce que là-dessus la nature est intraitable. Lorsque les mandats ont cessé d'arriver et qu'elle n'avait pas de raisons d'être gentille avec moi j'ai eu très peur. Il faut dire qu'on était dans une sale situation. Madame Rosa allait bientôt être atteinte par la limite d'âge et elle le savait elle-même. Je pense que pour vivre, il faut s'y prendre très jeune, parce qu'après on perd toute sa valeur et personne ne vous fera de cadeaux.
Un jour que je me promenais j'ai rencontré Nadine. Elle sentait si bon que j'ai pensé à Madame Rosa, tellement c'était différent. Elle m'a offert une glace à la vanille et m'a donné son adresse. Elle m'a dit qu'elle avait des enfants et un mari, elle a été très gentille.
Lorsque je suis rentré j'ai bien vu que Madame Rosa s'était encore détériorée pendant mon absence. Le docteur Katz est venu la voir et il a dit qu'elle n'avait pas le cancer, mais que c'était la sénilité, le gâtisme et qu'elle risquait de vivre comme un légume pendant encore longtemps.

Heureusement, on avait des voisins pour nous aider. Madame Lola qui habitait au quatrième se défendait au bois de Boulogne comme travestite, et avant d'y aller elle venait toujours nous donner un coup de main. Parfois elle nous refilait de l'argent et nous faisait la popote goûtant la sauce avec des petits gestes et des mines de plaisir. Je lui disais " Madame Lola vous êtes comme rien et personne " et elle était contente. Il y avait aussi Monsieur Waloumba qui est un noir du Cameroun qui était venu en France pour la balayer. Un jour il est allé chercher cinq copains et ils sont venus danser autour de Madame Rosa pour chasser les mauvais esprits qui s'attaquent à certaines personnes dès qu'ils ont un moment de libre.
Un jour on a sonné à la porte, je suis allé ouvrir et il y avait là un petit mec avec un long nez qui descendait et des yeux comme on en voit partout mais encore plus effrayés. Madame Rosa avait toute sa tête à elle ce jour là, et c'est ce qui nous a sauvés. Le bonhomme nous a dit qu'il s'appelait Kadir Yoûssef, qu'il était resté onze ans psychiatrique. Il nous a expliqué comment il avait tué sa femme qu'il aimait à la folie parce qu'il en était jaloux. On l'avait soigné et aujourd'hui il venait chercher son fils Mohammed qu'il avait confié à Madame Rosa il y avait de cela onze ans. Il se tourna vers moi et me regarda avec une peur bleue, à cause des émotions que ça allait lui causer. - C'est lui ? -Mais Madame Rosa avait toute sa tête et même davantage.
Elle s'est ventilée en silence et puis elle s'est tournée vers Moïse. - -Moïse dis bonjour à ton papa. Monsieur Yoûssef Kadir devint encore plus pâle que possible. - Madame, je suis persécuté sans être juif. C'est fini, le monopole juif, Madame. Il y a d'autres gens que les Juifs qui ont le droit d'être persécutés aussi. Je veux mon fils Mohammed Kadir dans l'état arabe dans lequel je vous l'ai confié contre reçu. Je ne veux pas de fils juif sous aucun prétexte, j'ai assez d'ennuis comme ça.
Madame Rosa lui a expliqué qu'il y avait sans doute eu erreur. Elle avait reçu ce jour-là deux garçons dont un dans un état musulman et un autre dans un état juif….et qu'elle avait du se tromper de religion. Elle lui a dit aussi que lorsqu'on laisse son fils pendant onze ans sans le voir, il faut pas s'étonner qu'il devienne juif et que s'il voulait son fils il fallait qu'il le prenne dans l'état dans lequel il se trouvait. Moïse a fait un pas vers Monsieur Youssef Kadir et celui-ci a dit une chose terrible pour un homme qui ne savait pas qu'il avait raison. - Ce n'est pas mon fils ! cria-t-il, en faisant un drame. Il s'est levé, il a fait un pas vers la porte, il a placé une main à gauche là ou on met le cœur et il est tombé par terre comme s'il n'avait plus rien à dire.
Monsieur Youssef Kadir était complètement mort, à cause du grand calme qui s'empare sur leur visage des personnes qui n'ont plus à se biler. Les frères Zaoum l'on transporté sur le palier du quatrième devant la porte de Monsieur Charmette qui était français garanti d'origine et qui pouvait se le permettre.
Moi j'étais encore complètement renversé à l'idée que je venais d'avoir d'un seul coup quatre ans de plus et je ne savais pas quelle tête faire, je me suis même regardé dans la glace. Avec Madame Rosa on a essayé de ne pas parler de ce qui venait d'arriver pour ne pas faire des vagues. Je me suis assis à ses pieds et je lui ai pris la main avec gratitude, après ce qu'elle avait fait pour me garder. On était tout ce qu'on avait au monde et c'était toujours ça de sauvé. Plus tard elle m'a avoué qu'elle voulait me garder le plus longtemps possible alors elle m'avait fait croire que j'avais quatre ans de moins.

Maintenant le docteur Katz essayait de convaincre Madame Rosa pour qu'elle aille à l'hôpital.
Moi, j'avais froid aux fesses en écoutant le docteur Katz. Tout le monde savait dans le quartier qu'il n'était pas possible de se faire avorter à l'hôpital même quand on était à la torture et qu'ils étaient capables de vous faire vivre de force, tant que vous étiez encore de la barbaque et qu'on pouvait planter une aiguille dedans. La médecine doit avoir le dernier mot et lutter jusqu'au bout pour empêcher que la volonté de Dieu soit faite. Madame Rosa est la seule chose au monde que j'aie aimée ici et je ne vais pas la laisser devenir champion du monde des légumes pour faire plaisir à la médecine.
Alors j'ai inventé que sa famille venait la chercher pour l'emmener en Israël. Le soir j'ai aidé Madame Rosa à descendre à la cave pour aller mourir dans son trou juif. J'avais jamais compris pourquoi elle l'avait aménagé et pourquoi elle y descendait de temps en temps, s'asseyait, regardait autour d'elle et respirait. Maintenant je comprenais.
J'ai mis le matelas à côté d'elle, pour la compagnie mais j'ai pas pu fermer l'œil parce que j'avais peur des rats qui ont une réputation dans les caves, mais il n'y en avait pas. Quand je me suis réveillé Madame Rosa avait les yeux ouverts mais lorsque je lui ai mis le portrait de Monsieur Hitler devant, ça ne l'a pas intéressée. C'était un miracle qu'on a pu descendre dans son état.

Je suis resté ainsi trois semaines à côté du cadavre de Madame Rosa. Quand ils ont enfoncé la porte pour voir d'où ça venait et qu'ils m'ont vu couché à côté, ils se sont mis à gueuler au secours quelle horreur mais ils n'avaient pas pensé à gueuler avant parce que la vie n'a pas d'odeur.
Ils m'ont transporté à l'ambulance où ils ont trouvé dans ma poche le papier avec le nom et l'adresse de Nadine. Ils ont cru qu'elle était quelque chose pour moi. C'est comme ça qu'elle est arrivée et qu'elle m'a pris chez elle à la campagne sans aucune obligation de ma part. Je veux bien rester chez elle un bout de temps puisque ses mômes me le demandent. Le docteur Ramon, son mari est même allé chercher mon parapluie Arthur, je me faisais du mauvais sang car personne n'en voudrait à cause de sa valeur sentimentale, il faut aimer.


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In de roman Een heel leven voor je van Romain Gary (1914-1980) doen het jonge weeskind Momo en zijn bejaarde verzorgster Madame Rosa er alles aan om bij elkaar te blijven, zelfs als dit ten koste gaat van de ander. Het verhaal, dat zich afspeelt in het na-oorlogse Parijs, wordt geheel verteld vanuit het oogpunt van Momo.
In de multiculturele wijk Belleville runt de bejaarde ex-prostituee Madame Rosa een illegaal tehuis voor de kinderen van hoeren uit de buurt. Madame Rosa begint zich steeds meer te hechten aan Momo, een van haar protegés die zijn ouders nog nooit heeft gezien. Momo beschrijft zijn relatie met Madame Rosa en de zelfkant van Parijs met veel detail. Door middel van dit perspectief geeft Gary zijn visie op de Franse samenleving. Daarnaast is Een heel leven voor je erg goed geschreven. De vroegrijpe stem van Momo is overtuigend en slaagt erin om de lezer mee te laten leven met de personages.

Prix Goncourt

Voor zijn debuut Les racines du ciel (De laatste kudden van Afrika) won Gary in 1956 de prestigieuze Prix Goncourt. Hij zou de prijs nogmaals ontvangen in 1975 voor Een heel leven voor je, destijds uitgebracht onder het pseudoniem Emile Ajar. Dat maakt hem de enige schrijver die de Prix Goncourt twee keer wist te winnen. Gary was tijdens zijn leven een van de populairste en meest actieve Franse schrijvers. Hij publiceerde meer dan dertig roman, essays en memoires, waarvan sommige onder verschillende pseudoniemen. In de loop van Een heel leven voor je takelt de oude Madame Rosa langzaam helemaal af. Rosa is getraumatiseerd door haar verblijf in Auschwitz, maar ze probeert haar angst te bezweren met stapels valse persoonsbewijzen, het portret van Adolf Hitler, en een schuilplaats in de kelder. De buurtbewoners – de straat wordt hoofdzakelijk bewoond door Afrikanen, Arabieren en Joden – staan de vrouw zoveel mogelijk bij in het opvoeden van de kinderen. Verteller Momo krijgt steeds meer verantwoordelijkheden voor het huishouden aan de Rue Bisson. Momo en Madame Rosa doen er alles aan om bij elkaar te blijven; zelfs als de vrouw erg ziek is weigert ze naar het ziekenhuis te gaan.

Victor Hugo

In Een heel leven voor je verwijst Gary veelvuldig naar de Franse klassieker Les Misérables van Victor Hugo. Zo heeft de oude vriend van Momo, Monsieur Hamil, vaak een boek van Victor Hugo bij zich en noemt hij Momo aan het einde van de roman zelfs Victor. Ook het thema van de twee boeken komt overeen: morele superioriteit manifesteert zich onafhankelijk van sociale klasse of leeftijd.
Net als Les Misérables zoomt Een heel leven voor je in op mensen uit de lagere sociale klasse om iets duidelijk te maken over de maatschappelijke thema’s van de tijd. In het boek snijdt Gary enkele belangrijke onderwerpen aan, zoals de multiculturele maatschappij in de Parijse wijken, de rigiditeit van de Vierde Republiek en de klassenverschillen in Frankrijk. Hij schildert de saamhorigheid en loyaliteit in de Parijse wijk Belleville af als een ideaalbeeld voor Frankrijk: een blauwdruk voor een betere samenleving. Gary is er goed in geslaagd om zijn ideeën over de Franse samenleving te combineren met een meeslepend verhaal.

https://8weekly.nl/recensie/boeken/romain-gary-een-heel-leven-voor-je-les-misa-rables-in-de-20e-eeuw/

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* Je moet niet huilen, beste jongen, het is een natuurlijke zaak dat oude mensen sterven. Jij hebt nog een heel leven voor je." Probeerde die rotzak me bang te maken of hoe zat dat? Ik heb altijd opgemerkt dat oude mensen zeggen: jij bent jong, je hebt een heel leven voor je, met een goedhartige grijns alsof het ze lol doet.

*Le docteur Katz s'est assis à côté de moi sur l'escalier et il m'a mis une main sur l'épaule. Il ressemblait à Monsieur Hamil par la barbe.
« Il ne faut pas pleurer, mon petit, c'est naturel que les vieux meurent. Tu as toute la vie devant toi. »
Il cherchait à me faire peur, ce salaud-là, ou quoi? J'ai toujours remarqué que les vieux disent «tu es jeune, tu as toute la vie devantt toi», avec un bon sourire, comme si cela leur faisait plaisir.
Je me suis levé. Bon je savais que j'ai toute ma vie devant moi mais je n'allais pas me rendre malade pour ça.
(Uit: la vie devant soi; Emile Ajar. Blz. 85)
Dit fragment slaat terug op de titel. Temidden van de ouderen: madame Rosa, meneer Hamil en dokter Katz is Momo de enige die nog kans heeft om te leven. Maar de aanwezigheid van de ouderen werkt eerder negatief, omdat de levensomstandigheden van hen verslechteren. Men zou zich ook af kunnen vragen of Momo nog op zijn toekomst zit te wachten. Hij heeft in zijn prille leven al tamelijk wat meegemaakt. En zijn toekomst ziet er niet bepaald rooskleurig uit. 


tijd
Er verloopt ongeveer 4 jaar van het begin tot het einde van het boek. Momo vertelt verhalen over zijn leven en die verhalen gaan het meeste over de leeftijd tussen 6 en 10. In het boek verloopt er in Momo's belevenis echter 8 jaar omdat hij opeens 4 jaar ouder wordt als zijn vader op de proppen komt.

Het boek bestaat uit 31 hoofstukken. De hoofdstukken hebben geen namen of nummers en variëren van 2 pagina's tot ongeveer 5 of 6 pagina's.

Vooral in het begin van het verhaal zijn er veel flasbacks. Momo vertelt het verhaal niet altijd in chronologische volgorde, maar soms vertelt hij weer wat van toen hij wat jonger was. Naarmate het verhaal vordert, vertelt hij meer chronologisch.
 


perspectief  
Het boek wordt verteld door Momo. Hij verteld als het ware zijn levensverhaal aan de lezer. Dat bepaalt de stijl: hij is een kind uit een achterstandsbuurt.





 Merde, j'ai pensé, mais j'ai rien dit devant le docteur. J'ai hésité un moment et puis j'ai demandé:
"Dites, est-ce que vous ne pourriez pas l'avorter, docteur, entre Juifs?"
Il parut sincèrement étonné.
"Comment, l'avorter? Qu'est-ce que tu racontes?"
"Ben, oui, quoi, l'avorter, pour l'empêcher de souffrir."
Là, le docteur Katz s'est tellement ému qu'il a dû s'asseoir. Il s'est pris la tête à deux mains et il a soupiré plusieurs fois de suite, en levant les yeux au ciel, comme c'est l'habitude.
"Non, mon petit Momo, on ne peut pas faire ça. L'euthanasie est sévèrement interdite par la loi. Nous sommes dans un pays civilisé, ici. Tu ne sais pas de quoi tu parles."
"Si je sais. Je suis algérien, je sais de quoi je parle. Ils ont là-bas le droit sacré des peuples à disposer d'eux-mêmes." Le docteur Katz m'a regardé comme si je lui avais fait peur. Il se taisait, la gueule ouverte. Des fois j'en ai marre, tellement les gens ne veulent pas comprendre.


stijl

Il se tourna vers moi et me regarda avec une peur bleue, à cause des émotions que ça allait lui causer.
"C'est lui?"
Mais Madame Rosa avait toute sa tête et même davantage. Elle s'est ventilé, en regardant Monsieur Yoûssef Kadir comme si elle savourait d'avance.
Elle s'est ventilée encore en silence et puis elle s'est tournée vers Moïse.
"Moïse, dis bonjour à ton papa."
"B'jour, p'pa," dit Moïse, car il savait bien qu'il n'était pas arabe et n'avait rien à se reprocher.
Monsieur Yoûssef Kadir devint encore plus pâle que possible.
"Pardon? Qu'est-ce que j'ai entendu? Vous avez dit Moïse?"
"Oui, j'ai dit Moïse, et alors?"
Le mec se leva. Il se leva comme sous l'effet de quelque chose de très fort.
(Uit: id. Blz. 125)
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Analyse
Les deux premières pages de la Vie devant soi sont très fortes, essentielles. Tout Emile Ajar est là, dès les premières lignes, comme le parfum d'une œuvre où l'homme, dépouillé de ses artifices, se trouve d'emblée confronté à son irrémédiable condition. C'est un véritable morceau d'anthologie où la substance se dégage des mots.
 
Le succès de La vie devant soi fut impressionnant. Plus d'un million d'exemplaires vendus, qui en font, sur le plan commercial l'équivalent des Grands Goncourt. Mais sans parler de l'effet promotionnel né du refus du prix, il repose un peu sur un malentendu. De nombreux lecteurs sans malice, solidaires de toute enfance malheureuse, virent dans le lien filial unissant cette vieille pute hors d'usage et ce petit Chose de la Goutte-d'Or, lui-même fils de pute abandonné, une énième suite aux Allumettes suédoises de Robert Sabatier, version judéo-arabe. En Momo un public trop sensible, épris de stéréotypes sentimentaux, crut tenir, en plus cru, en plus désespéré, mais dans la même veine populiste et misérabiliste, son David Copperfield. On s'apitoya sur la détresse de ces déshérités, sur l'optimisme forcené de ce petit Poucet des bas-fonds, immigré de surcroît. 

C'est méconnaître La Vie devant soi, au titre trompeur, que d'y voir une peinture de l'enfance déchirée, là où se joue l'universelle tragédie de la mort. 

Si Momo est ce narrateur essentiel qui donne son ton au récit, madame Rosa en est l'épicentre. C'est autour d'elle, de ses hantises, de son inexorable détresse qu'est construite toute l'œuvre. C'est d'elle que naît l'émotion. Autour de toute cette vie qu'elle a derrière soi et de la mort qui est devant elle. 

Momo est beaucoup plus qu'un témoin pour qui la mort ne serait qu'un spectacle, un accident incompréhensible, proprement impensable.  Ici la mort surgit au cœur de l'enfance, de l'existence même. Momo fait l'expérience de la vie à travers le délabrement de madame Rosa. Son agonie à elle se vit en lui. La fin surgit dès le début. 

Emile Ajar c'est Gary expulsant son angoisse de vieillir, une perspective qui le rend malade et pas seulement au sens figuré. Entre madame Rosa qui meurt et Momo qui la voit mourir, Gary ne se retrouve pas nécessairement du côté du narrateur. La jeunesse de Momo est confrontée à l'angoisse d'une vieillesse désespérée ou presque. Chaque fois la mort ou le vieillissement qui la préfigure, ses souffrances, ses humiliations constituent la matière du roman. Comment se survivre quand on a pour toujours la nature contre soi ? Thème suffisamment essentiel pour déterminer les deux œuvres majeures d'Emile Ajar. " page 148 il écrit " Ce monsieur Charmette avait un visage déjà ombragé, surtout autour des yeux qui sont les premiers à se creuser et vivent seuls dans leur arrondissement avec une expression de pourquoi, de quel droit, qu'est-ce qui m'arrive. Je mes souviens très bien de lui, je me souviens comment il était assis tout droit en face de Madame Rosa, avec son dos qu'il ne pouvait plus plier à cause des lois du rhumatisme qui augmente avec l'âge, surtout lorsque les nuits sont fraîches, ce qui est souvent le cas hors saison. " [……] Ils avaient peur, tous les deux, car ce n'est pas vrai que la nature fait bien les choses. La nature, elle fait n'importe quoi à n'importe qui et elle ne sait même pas ce qu'elle fait, quelquefois ce sont des fleurs et des oiseaux et quelquefois, c'est une vieille juive au sixième étage qui ne peut plus descendre. ". [….] " Je ne suis pas tellement chaud pour les lois de la nature. 

Page 158 il y a aussi une description du temps qui est très pertinente " Je suis resté un bon moment avec lui en laissant passer le temps, celui qui va lentement et qui n'est pas français. Monsieur Hamil m'avait souvent dit que le temps vient lentement du désert avec ses caravanes de chameaux et qu'il n'était pas pressé car il transportait l'éternité. Mais c'est toujours plus joli quand on le raconte que lorsqu'on le regarde sur le visage d'une vieille personne qui se fait voler chaque jour un peu plus et si vous voulez mon avis, le temps, c'est du côté des voleurs qu'il faut le chercher ". 

L'angoisse de madame Rosa est de mourir dans les conditions auxquelles elle a échappé à Auschwitz, d'être obligée de vivre de force, à l'hôpital, transformée en légume, comme ce comateux prolongé 17 ans par les progrès de la médecine, ce qui constitue jusqu'à présent un record du monde de longévité végétative. Il est un âge où l'on perd l'esprit de compétition. Elle qui a connu les camps d'extermination craint que la mort ne soit plus mal administrée par les bourreaux en blouse blanche que par les brutes casquées qui ne respectaient aucune loi.

Les médecins ont le droit pour eux et, pour les victimes, c'est vraiment sans espoir. " Ils vont me faire subir des sévices pour m'empêcher de mourir [….]. Ils vous en font baver jusqu'au bout et ils ne veulent pas vous donner le droit de mourir, parce que ça fait des privilégiés. ". Elle a donné son corps aux clients toute sa vie, ça suffit.
Elle ne veut pas donner ce qu'il en reste à la recherche médicale. Les lois humaines sont pires que celles de la nature. " Ils ont des lois pour ça. C'est des vraies lois de Nuremberg. ". 

Ce n'est pas tant la mort qui lui fait horreur que les conditions dégradantes de survie qui l'accompagnent. Cette forme de vie en forme de légume symbolise toute la vie, ce prolongement d'Auschwitz quand on a eu le malheur d'en revenir. Madame Rosa a la mort en elle, peut-être depuis sa naissance et c'est ce qui explique qu'elle est juive.
D'ailleurs tous ses malheurs viennent de là car " si elle n'avait pas été juive, elle n'aurait pas eu le dixième des emmerdements qu'elle avait eus ".

Malgré l'actualité de l'œuvre enracinée dans un quart monde immigré, le roman n'a pas de vérité sociale ni documentaire.
Gary a juste passé quelques heures à la Goutte-d'Or pour vérifier son intuition d'un monde qui n'était plus le sien et lui était devenu étranger, depuis sa venue en France. Ajar n'est pas Zola. La société n'est pas mise en accusation, malgré ses tares. C'est la vie qui est une chiennerie, le mal social n'en est que l'illustration. Pas question d'en faire un récit engagé. Malgré ses allures gauchistes Ajar est nettement moins " politique " que Gary. La vie devant soi traduit une vérité intérieure, une philosophie de l'existence pas seulement propre aux apatrides : " On est jamais chez soi sur terre ". La société est là uniquement comme décor. 

Mais cette chiennerie de la vie n'est jamais vécue de façon désespérée ou haineuse. Il faut seulement faire avec, quand on peut. L'humour involontaire et l'infinie tendresse de Momo à l'égard des hommes nous font échapper à la noirceur. 

Son regard vaut tous les maux de la mort et justifie l'optimisme du titre. Madame Rosa n'est jamais seule. Ni Momo. Il y a toujours quelqu'un, quelque chose, fût-ce un parapluie, des rêves……..Personne ne peut vivre sans amour. Elle, elle a cet ultime témoin qui l'empêche de s'abandonner, cet enfant, qui ne peut renoncer à aimer et s'invente des raisons d'aimer. 

La vieillesse et la mort son aperçues, vécues par un narrateur fondamentalement optimiste qui met des couleurs roses sur les joues des agonisants et n'a pas encore peur du néant. C'est toute l'originalité de Ajar : le vieillissement de Gary, ses angoisses, sa solitude, son refus de la dégradation sont décrits à travers le regard d'un autre. Un enfant.

Momo qui ignore son âge, n'a qu'une certitude, c'est qu'il " avait sûrement un père et une mère, parce que là-dessus la nature est intraitable ". Il est " de père inconnu garanti sur facture, à cause de la loi des grands nombres ". C'est tout. Il n'est pas question d'en conclure qu'avec madame Rosa Gary dévoile la vérité sur sa propre mère : pas de papa, tous les papas possibles. Le peu que l'on sache de madame Kacew exclut cette hypothèse tout à fait insensée. Mais avec madame Rosa, ou la jeune paumée qui a abandonné Momo, Gary expulse certainement un fantasme d'enfance, un horrible soupçon proprement impensable que n'ont sans doute pas manqué de lui suggérer ses camarades de classe ou de jeu, toujours prompts à suspecter un fils sans père, bâtard venu de l'Est, pauvre et juif à la fois. 

Pour ceux qui recherchent des points de rencontre entre Gary et Ajar La Promesse de l'Aube préfigure La vie devant soi qui en est comme le remake ajarien. Pas seulement dans les thèmes (la vieillesse d'une mère tutélaire revécue par un enfant) et les situations (on retrouve jusqu'à cet escalier symbolique monté et descendu vingt fois par jour et dans lequel madame Kacew mère -- comme madame Rosa - laissera ce qui lui reste de jambes et de santé), mais également dans le ton et l'inspiration ancrés dans l'intime conviction que, malgré tous ses malheurs, " l'homme est quelque chose qui ne peut pas être ridiculisé ". Tout comme La vie devant soi elle est une histoire d'amour, belle, tragique comme tout amour humain, et qui prouve, n'en déplaise aux comptables de l'émotion, qu'avec de grands sentiments, s'ils ne tuent pas l'humour, on peut parler de ce lien charnel sans que ça tourne nécessairement à l'odieux ou au ridicule. 

La vérité est qu'on trouve du Ajar dans toute l'œuvre de Gary. Même si on ne pouvait s'en apercevoir qu'après coup, Ajar est partout présent, avec son ironie introvertie, son parler décalé, sa philosophie parodique, son humour, 'humour juif ", dit-il, " un produit de première nécessité pour les angoissés ". Il sait dire sans provocations inutiles ni excès affectifs la cruelle lucidité de Gary et son refus de désespérer. Car il est toujours plus désespéré que cynique, d'un pessimisme comique, presque consolant. Son humour n'éteint pas l'espoir. Sa lucidité ne se nourrit ni d'aigreurs, ni de rancœurs, encore moins du mépris des autres, mais d'un idéalisme totalement insensé d'une poignante et tragique humanité.

A propos du bonheur Momo dit " Moi, l'héroïne je crache dessus. Les mômes qui se piquent deviennent tous habitués au bonheur et ça ne pardonne pas, vu que le bonheur est connu pour ses états de manque. Pour se piquer, il faut vraiment chercher à être heureux et il n'y a que les rois des cons qui on des idées pareilles.
[…]Je ne tiens pas tellement à être heureux, je préfère encore la vie. Le bonheur c'est une belle ordure et une peau de vache et il faudrait lui apprendre à vivre. On est pas du même bord lui et moi, et j'ai rien à en foutre. J'ai encore jamais fait de politique, parce que ça profite toujours à quelqu'un, mais le bonheur, il devrait y avoir des lois pour l'empêcher de faire le salaud. Je ne vais pas vous parler du bonheur parce que je ne veux pas faire une crise de violence, mais monsieur Hamil dit que j'ai des dispositions pour l'inexprimable. Il dit que l'inexprimable, c'est là qu'il faut chercher et que c'est là que ça se trouve "

Dans la Vie devant soi c'est toute une vision distanciée de l'existence qui s'affiche, usant de cette légitime défense qu'est l'humour contre toutes les formes d'adversité, et principalement contre cette inhumaine situation qu'est la condition humaine " qui nous fut imposée de l'extérieur ". 

https://www.etudier.com/dissertations/La-Vie-Devant-Soi-Analyse/124238.html

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het boek: Éducation Européenne

Synopsis 

Éducation européenne retrace l’hiver passé par des groupes de partisans dans la forêt près de Wilno : polonais, ukrainiens, juifs, ils y ont trouvé refuge dans des cachettes creusées sous terre, et mènent le combat contre l’occupant allemand. Parmi eux se trouve Janek, adolescent que son père a aidé à se cacher avant de disparaître, probablement tué dans un acte de rétribution de l’armée nazie. 
 
Lecteur avide de Karl May et de ses aventures de Peaux-Rouge, Janek a encore l’âme d’un enfant au début du livre mais devient homme au contact des partisans, éduqué plutôt par le regard qu’ils portent sur le monde que par la violence de leur combat. Malgré la détresse qui ronge certains des partisans, malgré la maladie et la faim qui les guettent, malgré aussi les relations parfois sordides qu’il voit s’établir entre occupants et villageois, le nouveau monde de Janek n’est pas dénué de beauté : il découvre la musique – Schubert, Chopin, Mozart, qui l’enchantent – et l’amour. 

Très au loin se déroule la bataille de Stalingrad, qui sera un tournant décisif dans la guerre et qui rythme l’hiver des partisans, inspirant à la fois actions désespérées pour contrecarrer les plans de ravitaillement allemands et espoirs pour la sauvegarde de l’humanité et de l’idéal européen. 

Ces idéaux sont surtout articulés par Adam Dobrański, étudiant en droit avant la guerre et maquisard de longue date, qui se décrit comme « prosateur né » et dont les histoires occupent les longues soirées des partisans. Ces histoires-dans-l’histoire, que Gary retranscrit en intégralité en les parsemant des commentaires des partisans devenus auditeurs, prennent une place aussi importante dans le livre que le développement du personnage de Janek et font la part belle à une grande dose d’optimisme. Une, conte féerique, met en scène les « cinq collines de l’Europe », dont le dialogue imagé sur le conflit européen se termine sur une leçon d’anglais qui prend très vite une tournure churchillienne. Dans une autre, Dobrański emmène ses auditeurs à Paris pour leur montrer une maison bourgeoise où, sous couvert de paisible acceptation de la présence allemande, les habitants s’activent dans la résistance à la barbe du responsable local allemand. « Nous ne sommes pas seuls », tel est le message que Janek en retient du fond de sa cachette. 

Étant donné la période et ce message idéaliste, c’est presque un texte de propagande pour la cause alliée que Gary pourrait être en train d’écrire, mais Éducation européenne est un roman bien plus profond que ça et, à mon avis, bien pessimiste.

Outre Janek et Dobrański, Gary peuple son court récit de personnages qui ne font parfois que de brèves apparitions mais qui laissent une impression forte, tels Stańczyk, coiffeur poursuivi par le désir de vengeance après le viol de ses deux filles, Moniek Stern, violoniste virtuose qui ne survit pas à la vie de la forêt, ou Zosia, petit bout de femme trop précoce dont le duo amoureux avec Janek m’a rappelé celui de Ludo et Lila dans Les Cerfs-volants. Surtout, Gary s’abstient de faire dans le noir et blanc : entre les figures héroïques comme celle de Dobrański, et les allemands anonymes pilleurs et violeurs, il y a beaucoup de personnages plus nuancés. Ainsi du cabaretier polonais Józef, qui cultive les partisans et les occupants mais finit par se faire prendre à son propre jeu, ou du vieux soldat Augustus Schröder, « le dernier Allemand », enrôlé pour faire plaisir à son fils mais dont la vraie passion est la musique et la construction de jouets musicaux (là encore, c’est un personnage qui m’a rappelé celui du « facteur timbré » dans Les Cerfs-volants).
https://passagealest.wordpress.com/2014/05/08/romain-gary-et-son-education-europeenne/
 


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thema
Hymne à la résistance et à liberté, Éducation européenne est aussi empreint de la tristesse et du pessimisme de Janek, qui ne laisse pas présager d’une grande foi dans l’avenir de l’humanité. Le roman en est traversé, mais c’est surtout manifeste dans l’épilogue. Janek, dorénavant père de famille et sous-lieutenant du Corps Franc polonais, traverse à nouveau la forêt, trois ans après l’hiver de 1942-43, en se remémorant les dernières paroles de Dobrański juste avant sa mort.
-Parle-leur de la faim et du grand froid, de l’espoir et de l’amour.
-Je leur en parlerai,
-Je voudrais qu’ils soient fiers de nous et qu’ils aient honte…
-Ils seront fiers d’eux, et ils auront honte de nous.
-Essaye… Je voudrais qu’ils ne recommencent jamais…
-Ils recommenceront.
-Ouvre-leur… ton poitrail… Ton poitrail d’homme…
-Ils ne voudront pas regarder. Ils passeront à côté, les lèvres serrées et le regard froid.
-Essaye…
Ce n’est pourtant pas un roman dénué d’humour, un humour un peu triste qui surgit surtout dans les fables de Dobrański. Celles-ci donnent réellement toute la mesure du talent de Romain Gary, capable de donner vie en quelques pages à toute une compagnie de soldats allemands vaincus par la neige comme à deux corbeaux centenaires commentant un défilé de cadavres « d’ex-soldats de l’ex-Grande Armée allemande » sur la Volga.

C’est pour moi une belle redécouverte que cette Éducation européenne, et une invitation à relire et à découvrir tous ses autres livres.

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Education européenne est le titre du premier roman de Romain Gary. Il se situe pendant la Seconde Guerre mondiale. Rude école. Qu’il ne faut pas oublier. Qui n’est pas même entièrement terminée. Roman écrit en 1943, publié en 1945. Un romancier aviateur décrit la vie (et la mort) de résistants terrés dans la forêt. Dans la dernière page, si proche du Mythe de Sisyphe de Camus (1942), des fourmis escaladent sans s’en soucier, ni s’en écarter, en transportant chacune «toujours plus loin une brindille absurde», un livre qui porte le même titre que le roman mais que le héros mourant n’aura pas eu le temps, lui, de finir. Education européenne, donc (et pas «sentimentale»). Moment de la guerre, de «l’absurde» mais aussi de la résistance. http://www.liberation.fr/chroniques/2014/05/16/education-europeenne_1019113

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Romain Gary: the greatest literary conman ( = oplichter) ever?

He was a hero of the French resistance – and hoaxer extraordinaire, inventing a writer who went on to pen the bestselling French novel of the 20th Century. So why isn’t Romain Gary better known around the world, asks Hephzibah Anderson.
Hemingway was a philandering bear-slayer who chased wars and crashed planes. Hunter S Thompson, a gun-loving druggy, had his ashes fired from a fist-shaped cannon. Heroin addict William Burroughs accidentally killed his second wife in a drunken game of ‘William Tell’. And then there’s Romain Gary. War hero, film director, hoaxer extraordinaire – he makes those other testosterone-drunk scribblers look like they were simply trying too hard.

Of all the 20th Century’s literary bad boys – and yes, it’s a category that’s almost quaintly masculine – Gary is the most intriguing. A Lithuanian Jew born in Vilna in 1914, he was fluent in six languages. He became a master of multiple literary personae, a decorated hero of the French resistance, and two-times winner of the Prix Goncourt (technically impossible according to the award’s rubric).

In between, he forged a more-than-respectable career in the French diplomatic service, eventually becoming consul general in Los Angeles (essentially the French ambassador to Hollywood) – where he left his English wife, author Lesley Blanch, for nouvelle vague queen Jean Seberg. He even challenged Clint Eastwood to a duel. Gary died, one December afternoon in 1980, from a self-inflicted gunshot wound.


In photographs Gary can be seen with a fountain pen in one hand and a smouldering cigar held between the ring-covered fingers of the other, or else he’s relaxing at home on a sofa covered with animal hides, dressed in leather pants, a double-breasted blazer and John Lennon specs. In middle age, he even became the focus of a Sports Illustrated picture story about his daily workout routine.
Though his tallest tales were those he passed off as the truth, he was as popular as he was prolific
At this point you might be wondering why Gary isn’t better known in the Anglophone world. It’s not as if he wasn’t widely translated. In fact, when he was living in LA, he wrote in English, rebelling against slyly anti-Semitic criticism that he used the French language improperly. Nor is it the case that his writing fails to live up to his off-the-page exploits – he counted Jean-Paul Sartre and Charles de Gaulle as fans.


Though his tallest tales were those he passed off as the truth, he was as popular as he was prolific, producing more than 30 volumes of prize-winning essays, plays, memoir and fiction, including La Vie devant soi, the bestselling French novel of the 20th Century. But his star faded as he aged and was further dimmed by posthumous revelations that he’d duped the Parisian literary establishment, publishing some of his most rapturously received works (La Vie among them) under a fake name.

High flyer
In the past decade, his reputation has shown signs of renewed vigour. First came a portrait by heavyweight biographer David Bellos, then a translation of a previously untranslated novel, Hocus Bogus (Pseudo in the French original). Now, his final novel, The Kites (Les Cerfs-volants), has been translated into English for the first time and published as a Penguin Modern Classic.

Lauded as one of the 20th Century’s most acclaimed works of French fiction, The Kites was written shortly before Gary’s suicide, and tells the story of two young lovers – one an orphan raised by his uncle, a gentle French kite-maker, the other a Polish aristocrat – separated by the chaos and carnage of World War Two. Epic and empathetic, it’s rich in Gary’s signature themes and preoccupations, such as idealism, the loss of innocence, and the ways in which less than heroic choices can still be moral choices.
My mother always saw me as a combination of Lord Byron, Garibaldi, d’Annunzio, d’Artagnan, Robin Hood and Richard the Lion-hearted – Romain Gary
And yet for all that novel’s merits, nothing quite compares to Gary’s autobiography, Promise at Dawn (La Promesse de l’aube), which is also to be published by Penguin later this year. Chronicling Gary’s early life and coming of age, it describes how he was raised by Nina, a devoted single mother and former actress. Fond though she was of dressing her princeling in silk and velvet, Nina had to conjure up ever more outlandish ways of simply keeping a roof over his head: she designed fake Parisian hats and ball gowns; she peddled jewellery as a supposed White Russian on the Riviera; she opened a boarding kennel for dogs, cats and birds – in their apartment.

Above all, it’s an extraordinary love story, describing not just a mother’s admittedly ‘overpowering’ adoration of her only child, but also her devotion to an ideal – the ideal that she nurtured of France, a concept not to be confused with (or indeed undermined by) the reality that greeted the duo when they finally emigrated to Nice in 1928. As Gary writes, “She spoke to me of France as other mothers speak to their children of Snow White and Puss in Boots.” The ultimate ‘momager’, she was determined that her ‘Romouchka’ would attain artistic greatness. “My mother always saw me as a combination of Lord Byron, Garibaldi, d’Annunzio, d’Artagnan, Robin Hood and Richard the Lion-hearted,” he recalls. Only in France, she was certain, could his potential be fully realised.

Heroic failure
War interrupted Nina’s plans for her son’s creative destiny, although she was convinced that even in this squalid arena, he would triumph. Despite failing to qualify as a pilot (for no reason other than his Jewishness), he flew with the RAF for the Free French, and sure enough was awarded the Croix de Guerre and the Légion d’honneur, and became one of just a thousand Compagnons de la Libération. A still more startling figure is this: of all those airmen he enlisted with, Gary was among just five survivors come D-Day. As he writes, their deaths left “emptiness […] a densely populated place”.
For three and a half years her breath breathed life into me, and I was sustained by a will stronger than my own – Romain Gary
Burdensome though it was, Nina’s unswerving belief in her son functioned as a charm. “Nothing could happen to me because I was her happy ending,” he recalls. Her tragedy was that, aside from his youthful victory in a ping-pong contest, she didn’t live to taste any of Gary’s success. She died while he was still fighting abroad but left behind a cache of nearly 250 letters to be mailed at intervals to her son. “For three and a half years her breath breathed life into me, and I was sustained by a will stronger than my own: the umbilical cord fed my blood with the fighting courage of a heart more gallant than mine,” he recalled. He didn’t discover she had gone until he returned to Nice at the war’s end.

It’s a story so potent it feels mythical, so maybe it shouldn’t come as a surprise to learn that large portions of Promise were indeed made up. For a start, Nina’s name was Mina. And those letters? They didn’t exist.

In 2004, a biography written by Myriam Anissimov, who also happened to be one of Gary’s former lovers, pinned down some of the details of this arch fabulist’s life. He was born Roman Kacew, and though he often alluded to Tartar and Cossack blood, his parents were Russian Jews, Mina and Lebja Kacew – not the actor Ivan Mosjoukine, as his memoir teases.

As a teenager, he tried on multiple noms de plumes, using them to sign a ream of ambitious manuscripts now lost. It wasn’t until 1935 that he changed his first name to Romain, trading his surname for Gary five years later. Explaining his choice in an interview with his friend, Francois Bondy, in 1974, he noted that in Russian ‘Gari’ means burn. He was setting himself a trial by fire, “so that my I is burned off”.

Multiple personalities
In addition to Kacew and Gary, he published under the names Fosco Sinibaldi and Shatan Bogat. Then, in 1973, having already notched up one Goncourt Prize, two divorces and 22 published books, he invented his most famous alter ego. Émile Ajar was a 34-year-old Algerian who’d performed a botched abortion on a Parisian while still a medical student. To escape prison – and to explain his absence – he’d had to flee to Brazil, from where he began his literary career. A friend in Rio helped mail the manuscripts and Gary’s cousin, Paul Pavlowitch, was roped in to play Ajar himself, fielding demands for telephone interviews and photographs.

The instant success of Ajar’s first novel, Gros-Calin, was eclipsed only by the triumph of his second, La Vie devant soi (The Life Before Us). Though there were suspicions that Ajar and Gary might be one and the same, the judges of the 1975 Goncourt Prize paid them no heed. Strict rules stipulate that an author may win the award only once but when Gary instructed Ajar’s lawyer to turn the prize down, he was told this was impossible. Suddenly, Gary’s playful, pointed ruse took on a more serious aspect.

On the subject of untruths, Gary has this to say in Promise: “I do not often indulge in lying, because, for me, a lie has a sickly flavour of impotence: it leaves me too far away from the mark.” Well, he would say that, yet his myriad falsehoods tend to express emotional truths of such undeniable clarity that fact checking feels grubby. And maybe this accounts for the renewed interest in his life and work. Yes, he was a sensualist whose attitudes sometimes scream political incorrectness, and no, his prose hasn’t aged all that gracefully. As Adam Gopnik put it in The New Yorker, “No good writer ever wrote less well.” But at the same time, he was possessed of a tolerant, humane, grown-up moral vision, and this is what drives his best work – fiction, non-fiction and everything in between. It also makes him the perfect antidote to our polarised, hysterical times, to safe spaces and trigger warnings and no-platform policies.

Gary owned up to the Ajar hoax only posthumously, leaving behind instructions for the publication of a confession titled Vie et mort d’Émile Ajar (The Life and Death of Émile Ajar). It was his great loss that he wasn’t able to take credit for his strongest work, condemned to be spoken of as a has-been while his alter ego conquered French letters. All the same, Vie’s closing lines are joyous. They make an apt epitaph for a compulsive storyteller who couldn’t resist authoring his own end – and Ajar’s with it: “I had a lot of fun. Au revoir et merci.”


 http://www.bbc.com/culture/story/20180619-romain-gary-the-greatest-literary-bad-boy-of-all

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Een humanist*
Romain Gary
(Vertaling Stella Linn)

Toen in Duitsland de Führer Adolf Hitler aan de macht kwam, woonde er in München een zekere Karl Loewy, speelgoedfabrikant van beroep, een joviale, optimistische man die geloofde in het goede van de mens, lekkere sigaren en de democratie, en die, hoewel hij weinig van een Ariër had, de antisemitische uidatingen van de nieuwe kanselier niet al te serieus nam, in de overtuiging dat rede, gematigdheid en een zeker aangeboren rechtvaardigheidsgevoel, dat ondanks alles verankerd was in het hart van zoveel mensen, over hun tijdelijke dwalingen zouden zegevieren.

Op de waarschuwingen waarmee Herr Loewy overstelpt werd door zijn rasgenoten, die hem aanspoorden net als zij te emigreren, reageerde hij doorgaans met een gulle lach en bracht, comfortabel met een sigaar in de mond in zijn fauteuil genesteld, de goede vrienden ter sprake die hij tijdens de Eerste Wereldoorlog in de loopgraven gemaakt had, vrienden van wie enkelen die het ver gebracht hadden, zeker voor hem in de bres zouden springen, mocht dat nodig zijn. Hij bood zijn bezorgde bezoekers dan een borrel aan en hief zijn glas ‘op het goede in de mens’, waarin hij, zo zei hij, een onbegrensd vertrouwen had, of die nu een nazi- of een Pruisisch uniform droeg, een Tiroler hoedje of een arbeiderspet. En het valt niet te ontkennen dat de eerste jaren van het bewind voor onze Karl niet al te gevaarlijk of zelfs maar onaangenaam waren. Goed, er deden zich wel wat nare dingen voor, wat pesterijen, maar, of de ‘vrienden uit de loopgraven’ nu inderdaad op discrete wijze voor hem in de bres waren gesprongen of dat het te danken was aan zijn oerduitse jovialiteit en het vertrouwen dat hij uitstraalde, dat hij zo lang met rust gelaten werd, terwijl iedereen bij wie iets op het uittreksel uit het geboortenregister aan te merken viel de weg van de ballingschap koos - onze vriend leefde kalmpjes verder te midden van zijn speelgoedfabriek en zijn boekenverzameling, zijn sigaren en zijn welvoorziene wijnkelder,

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geschraagd door zijn onwankelbaar optimisme en vertrouwen in de menselijke soort. Toen kwam de oorlog en namen de zaken een ongunstiger wending. Op een keer werd hem hardhandig de toegang tot zijn fabriek ontzegd, en de dag daarop werd hij aangevallen door een stel jongeren in uniform, die hem lelijk toetakelden. Mijnheer Karl pleegde links en rechts wat telefoontjes, maar de ‘vrienden van het front’ gaven geen gehoor meer. Voor het eerst voelde hij zich wat ongerust. Hij ging zijn bibliotheek binnen en liet zijn blik langs de boeken dwalen waarmee de wanden bedekt waren. Hij keek er lang en ernstig naar: die gehele kostbare verzameling nam het voor de mensen op, verdedigde ze, pleitte voor hen en smeekte mijnheer Karl de moed niet op te geven, niet te wanhopen. Plato, Montaigne, Erasmus, Descartes, Heine... Men moest vertrouwen hebben in die illustere pioniers, geduld oefenen, het humane de tijd geven zich te openbaren, een uitweg te zoeken uit de chaos en de misverstanden en weer de overhand te nemen. De Fransen hadden daar een mooie uitdrukking voor: verjaag je je aard, dan komt hij in galop terug. Mildheid, recht en rede zouden ook nu weer overwinnen, maar dat kon natuurlijk even duren. Men moest vertrouwen hebben en de moed niet laten zakken, al kon het nooit kwaad een paar voorzorgsmaatregelen te treffen.

Mijnheer Karl ging in een stoel zitten en begon te peinzen.

Hij was een welgedane man met blozende wangen, een schalks brilletje en een fijngevormde mond, met in de hoeken, zo leek het althans, nog de sporen van alle kwinkslagen die deze had geuit.

Lange tijd keek hij peinzend naar zijn boeken, zijn sigarenkistjes, zijn uitgelezen wijnen, zijn vertrouwde bezittingen, alsof hij ze om raad wilde vragen, en geleidelijk aan kwam er meer leven in zijn blik, er verscheen een brede, slimme glimlach op zijn gezicht, en hij hief zijn glas cognac naar de duizenden boeken in zijn bibliotheek, als om ze te verzekeren van zijn trouw.

Mijnheer Karl had een keurig echtpaar uit München in dienst dat al vijftien jaar voor hem zorgde. De vrouw deed het huishouden en kookte zijn lievelingsgerechten, de man werkte als chauffeur en tuinman en hield een oogje op het huis. Herr Schutz had maar één hartstocht: lezen. Na het werk kon hij, terwijl zijn vrouw zat te breien, uren over een boek gebogen zitten dat hij van Herr Karl had geleend. Zijn favoriete schrijvers waren Goethe, Schiller, Heine en Erasmus; hij las zijn vrouw in het kleine huisje achter in de tuin, waar ze woonden, de meest verheven passages

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voor. Als mijnheer Karl zich een beetje eenzaam voelde, vroeg hij zijn vriend Schutz vaak naar de bibliotheek te komen en daar discussieerden ze met een sigaar in de mond dan langdurig over de onsterfelijkheid van de ziel, het bestaan van God, humanisme, vrijheid en al die schone zaken die te vinden waren in de boeken om hen heen, waarop ze waarderend hun blik lieten rusten.

Vriend Schutz en zijn vrouw nu waren degenen tot wie Herr Karl zich in deze gevaarlijke tijden wendde. Met een kistje sigaren en een fles schnaps begaf hij zich naar het huisje achter in de tuin en zette zijn vrienden zijn plan uiteen.

De dag erop al togen Herr en Frau Schutz aan het werk.

Het kleed in de bibliotheek werd opgerold, er werd een gat in de vloer geboord en daarin een ladder gezet om naar de kelder af te dalen. De oude toegang werd dichtgemetseld. Een flink deel van de boekenverzameling werd er heen gebracht, gevolgd door de kistjes sigaren; wijn en sterke drank stonden er al. Frau Schutz richtte de schuilplaats zo comfortabel mogelijk in en binnen een paar dagen was de kelder, met die echt Duitse hang naar Gemütlichkeit, tot een aardig, gezellig vertrek omgetoverd. Het gat in het parket werd zorgvuldig aan het oog onttrokken door een goed passende tegel waar het kleed weer overheen gelegd werd. Daarna begaf Herr Karl zich, in gezelschap van Herr Schutz, voor het laatst buitenshuis en tekende enige papieren waardoor hij een fictieve verkoop tot stand bracht, om te voorkomen dat zijn fabriek en zijn huis geconfisqueerd zouden worden. Herr Schutz drong er overigens op aan hem tegenbrieven en bewijsstukken ter hand te stellen waarmee de wettelijke eigenaar zijn bezittingen te zijner tijd zou kunnen terugkrijgen. Daarop gingen de beide samenzweerders weer naar huis en daalde Herr Karl, met een slimme glimlach om de mond, naar zijn schuilplaats af om er veilig en wel te wachten tot er betere tijden zouden aanbreken.

Twee keer per dag, om twaalf en om zeven uur, lichtte Herr Schutz het kleed op en haalde hij de tegel weg; dan bracht zijn vrouw een paar smakelijke schotels en een fles goede wijn in de kelder, en 's avonds kwam Herr Schutz geregeld met zijn werkgever en vriend van gedachten wisselen over een nobel onderwerp zoals de rechten van de mens, tolerantie, de onsterfelijkheid van de ziel of de weldaden van lezen en onderwijs, en dan leek de kleine kelder wel geheel verlicht door die fraaie, hoogstaande denkbeelden.

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In het begin vroeg mijnheer Karl nog om kranten en had hij zijn radiotoestel naast zich staan, maar na een half jaar liet hij, aangezien de berichten steeds ongunstiger werden en de wereld onafwendbaar haar ondergang tegemoet leek te gaan, zijn radio weghalen, om het onwankelbare vertrouwen in de menselijke natuur dat hij wilde blijven koesteren, niet door de echo van een kortstondige actualiteit te laten verstoren, en met zijn armen over elkaar geslagen en een glimlach op zijn lippen hield hij beneden in de kelder onwrikbaar vast aan zijn overtuigingen door ieder contact met een toevallige, uitzichtloze realiteit af te wijzen. Tenslotte wilde hij zelfs de veel te deprimerende kranten niet meer lezen, maar herlas hij alleen nog de meesterwerken uit zijn bibliotheek, en putte uit het contact met die argumenten waarmee het permanente de macht van het tijdelijke weerlegde, de kracht om zijn geloof ongeschonden te bewaren.

Herr Schutz betrok met zijn vrouw het huis, dat op wonderbaarlijke wijze door de bombardementen gespaard werd. Op de fabriek had hij aanvankelijk wat moeilijkheden ondervonden, maar hij had immers de papieren die aantoonden dat hij, na Herr Karls vlucht naar het buitenland, de wettelijke eigenaar van het bedrijf was geworden.

Door het leven bij kunstlicht en het gebrek aan frisse lucht is Herr Karl nog corpulenter geworden en hebben zijn wangen in de loop der jaren allang hun blos verloren, maar zijn optimisme en vertrouwen in de mensheid zijn intact gebleven. Hij houdt het nog goed uit in zijn kelder, wachtend tot mildheid en gerechtigheid zegevieren op aard, en ofschoon de berichten die zijn vriend Schutz hem over de buitenwereld komt melden veel te wensen overlaten, weigert hij te wanhopen.

 

Enkele jaren na de val van Hitlers bewind kwam er een vriend van Herr Karl, die na zijn emigratie was teruggekomen, aan de deur van het statige herenhuis in de Schillerstrasse.

Hem werd opengedaan door een grote, grijzende man, die enigszins gebogen liep en er uitzag als een intellectueel. Een boek van Goethe had hij nog in zijn hand. Nee, Herr Loewy woonde hier niet meer. Nee, ze wisten niet wat er van hem geworden was. Hij had geen enkel spoor nagelaten en de onderzoekingen die na de oorlog waren ingesteld, hadden geen van alle iets opgeleverd. Grüs Gott! De deur sloeg dicht. Herr Schutz ging weer naar binnen

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en liep naar de bibliotheek. Zijn vrouw had het dienblad al klaargezet. Nu er in Duitsland opnieuw welvaart heerste, verwende zij Herr Karl en zette hem de fijnste gerechten voor. Het kleed werd opgerold en de tegel uit de vloer gelicht. Herr Schutz legde het boek van Goethe op de tafel en ging met het blad naar beneden.

Herr Karl is de laatste tijd erg verzwakt en heeft last van een aderontsteking. Bovendien laat zijn hart het steeds meer afweten. Eigenlijk zou er een dokter moeten komen, maar hij kan het echtpaar Schutz niet aan zo'n risico blootstellen; het zou met ze gedaan zijn als bekend werd dat ze al jaren een joodse humanist in hun kelder verborgen hielden. Men moet geduld hebben, niet wankelmoedig zijn; het recht, de rede en de natuurlijke grootmoedigheid zullen weldra zegevieren. Men moet vooral niet de moed verliezen. Hoewel mijnheer Karl sterk achteruitgegaan is, heeft hij niets aan optimisme ingeboet en is zijn geloof in de mens volkomen intact gebleven. Iedere dag, als Herr Schutz met slecht nieuws in de kelder komt - de bezetting van Engeland door Hitler was een wel heel zware slag - steekt Herr Karl hem een hart onder de riem en montert hem met een kwinkslag weer op. Hij toont hem de boeken langs de wanden en wijst hem erop dat het goede in de mens in laatste instantie altijd overwint en dat de grootste meesterwerken daaraan ontsproten zijn, aan dat vertrouwen en dat geloof. Herr Schutz gaat dan altijd weer gesterkt de kelder uit.

De speelgoedfabriek loopt uitstekend. In 1950 heeft Herr Schutz het bedrijf uitgebreid en de verkoopcijfers weten te verdubbelen. Hij kwijt zich met kundigheid van zijn taak.

Elke morgen gaat Frau Schutz met een bos verse bloemen naar beneden, die ze bij het hoofdeinde van Herr Karls bed zet. Ze schudt zijn kussens op, helpt hem te gaan verliggen en voert hem met een lepel, want hij heeft geen kracht meer om zelf te eten. Hij kan nu bijna niet meer spreken, maar soms schieten zijn ogen vol tranen en richt hij zijn dankbare blik op het gezicht van die brave mensen, die zich het vertrouwen dat hij in hen en de mensheid in het algemeen had gesteld, zo waardig hebben betoond. Men voelt dat hij gelukkig zal sterven, met in beide handen de hand van een van zijn trouwe vrienden, in de voldoening het bij het rechte eind te hebben gehad.

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