DAI SIJIE : BALZAC ET LA PETITE TAILLEUSE CHINOISE : RESUME ET PRINCIPAUX PERSONNAGES
CHAPITRE 1
Le chef du village examine les bagages des deux jeunes garçons de la
ville. Le violon de Ma fait l'objet d'une inspection minutieuse.
La rééducation : dans la Chine rouge, à la fin de l'année 68, le Grand
Timonier de la Révolution, le président Mao décide de fermer les
universités et d'envoyer les jeunes intellectuels à la campagne pour y
être rééduqués par les paysans pauvres. C'est ainsi que nos deux héros,
Ma et Luo, se retrouvent au début de l'année 1971, dans un village perdu
au fin fond de la montagne du Phénix du Ciel, logés dans une maison sur
pilotis. Le père de Ma est pneumologue et sa mère spécialiste des
maladies parasitaires. Le père de Luo est dentiste et il est célèbre
dans toute la Chine pour avoir refait les dents du président Mao avant
la Révolution. Les deux garçons ont grandi ensemble et connu toutes
sortes d'épreuves, parfois très dures…
La maison des deux garçons devient rapidement le centre du village grâce
à un autre « phénix » dont le maître est Luo. En réalité, ce n'est pas
un vrai phénix, mais un réveil en forme de coq orgueilleux à plumes de
paon. Dans le village, il n'y avait jamais eu de réveil, d'horloge ni de
montre. Les gens vivaient en regardant le soleil se lever et se
coucher. Le réveil prit bientôt sur les paysans un véritable pouvoir. Le
chef du village l'utilise pour avertir les dormeurs quand l'heure est
venue de travailler. Mais les garçons commencent à modifier les heures
du réveil…
Il pleut souvent dans la montagne du Phénix du Ciel. Presque deux jours
sur trois. L'humidité est quasi-permanente et la moisissure ronge tout.
C'est pire que d'habiter au fond d'une cave. La nuit, quand Luo n'arrive
pas à dormir, Ma joue du violon : Mozart, Bach, Beethoven. Luo et Ma
racontent quelques films au chef qui bave d'en entendre davantage. Il
ordonne aux deux garçons d'assister à la prochaine projection mensuelle
dans la ville de Yong Jing et de revenir raconter le film aux
villageois. C'est un énorme succès.
Dans un village voisin demeure un tailleur très demandé. Il a une petite
fille très belle surnommée « la princesse de la montagne du Phénix du
Ciel. » Le tailleur se rend de village en village pour travailler et
reste parfois plusieurs semaines au même endroit. Il mène une vie de
prince, est traité en véritable seigneur par les familles qui ont besoin
de ses services. Un jour, Luo et Ma se rendent chez le tailleur pour
faire rallonger le pantalon de Luo de quelques centimètres. Ils font la
connaissance de la petite tailleuse. Ma demande à Luo s'il en est tombé
amoureux. Luo répond : « Elle n'est pas civilisée, du moins pas assez pour moi ! »
Luo et Ma doivent travailler pendant deux mois dans une petite mine de
charbon artisanale qui fournit du combustible aux montagnards. Ils
habitent avec les paysans-mineurs dans un humble dortoir adossé au flanc
de la montagne. Le travail est très dur et bientôt, Luo tombe malade.
Le paludisme. Les paysans essaient de chasser la maladie en fouettant le
dos de Luo avec des branches de pêcher et de saule. Une lettre de la
petite tailleuse les informe que deux jours de congé leur sont accordés
pour aller raconter un film au village du tailleur.
Ils choisissent de raconter « La petite marchande de fleurs », un
mélodrame coréen. En dépit de sa maladie qu'il considère terminée, Luo
décide de partir avec Ma pour le village du tailleur. Arrivés chez la
petite tailleuse dont le grand-père est en déplacement, Luo délire. La
jeune fille l'installe dans sa chambre et part cueillir une plante avec
laquelle elle fabrique un médicament pour Luo. Quatre vieilles sorcières
sont appelées à son chevet pour aider à chasser le mal. Ma doit
raconter un film pour les tenir éveillées mais il ne possède pas le
talent de conteur de Luo…
CHAPITRE 2
Le Binoclard entre en scène. Adolescent de dix-huit ans, ami de nos deux
héros, rééduqué dans un village voisin sur le flanc de la montagne, il
possède une valise secrète qu'il dissimule soigneusement. Son père est
écrivain et sa mère poétesse. Le lendemain de la séance de cinéma oral
chez la Petite Tailleuse, nos deux amis rentrent chez eux. En passant
devant le village du Binoclard, ils l'aperçoivent, travaillant dans une
rizière avec un buffle. La queue du buffle démesurément longue le
fouette en plein visage et envoie voler ses lunettes en l'air. Il
souffre d'une grave myopie et est presque aveugle sans ses lunettes.
Heureusement, Ma réussit à les retrouver dans la boue. Ne pouvant
quitter son travail, le Binoclard leur propose d'aller se reposer chez
lui. Cherchant un chandail, Ma découvre une valise mystérieuse très
lourde. Le Binoclard refuse de révéler son contenu. Devant la méfiance
du Binoclard à leur endroit, Ma et Luo se doute que la valise renferme
des livres interdits : de la littérature occidentale.
Par un froid matin de printemps, la neige se met à tomber. Nos deux amis
rendent visite au Binoclard, informés qu'un malheur lui est arrivé :
ses lunettes sont cassées. Ils lui offrent leur aide en échange d'un
livre. Celui-ci commence par refuser puis accepte. Il leur prête un
livre de Balzac : Ursule Mirouët. Après l'avoir lu, Ma décide
de recopier un extrait sur l'envers de sa veste en peau de mouton
offerte par les villageois. Ils rendent le livre à son propriétaire et
espèrent pouvoir lui en emprunter d'autres. Mais, le Binoclard refuse
malgré les nombreux services que nos deux amis lui rendent. La Petite
Tailleuse découvre Balzac en lisant l'extrait sur la peau de la veste et
en est émerveillée.
Au début de l'été, Le Binoclard reçoit une lettre de sa mère lui
demandant de recueillir un bon nombre d'authentiques chants montagnards
pour une revue de littérature révolutionnaire. Un de ses anciens amis a
été nommé rédacteur en chef de cette revue et en échange des chants, il
lui offre une place. Le Binoclard nage dans le bonheur. Il se lance dans
la chasse aux chants montagnards avec une ferveur acharnée mais sans
succès. Ses deux amis lui offrent de l'aider et grâce à un habile
subterfuge, réussissent à récolter une grande quantité de chants d'un
vieux meunier illettré. Ils récoltent également une bonne quantité de
poux… Le Binoclard est ravi mais doit remplacer les paroles grivoises de
plusieurs chants.
Cet été-là, le chef du village envoie nos deux amis souvent en ville
afin d'assister aux projections de films. Il reste donc en l'absence de
Luo, le seul maître du réveil en forme de coq à plumes de paon dont il
est éperdument épris. Vers la fin du mois d'août, ils emmènent la Petite
Tailleuse avec eux. À l'hôtel, ils apprennent qu'une femme inconnue y
loge et doit ramener avec elle son fils. Le lendemain, sur le chemin du
retour, Ma rencontre cette femme et apprend qu'elle est la mère du
Binoclard. Elle lui confie qu'en tricotant, elle compose des poèmes. À
la nouvelle du départ imminent de leur ami, Ma et Luo se désespèrent de
ne jamais pouvoir lire les livres de la valise secrète. La Petite
Tailleuse propose de voler la valise…
Pour célébrer son départ, la Binoclard et sa mère préparent une grande
fête au village. Un buffle est sacrifié en le faisant tomber du haut
d'une falaise. Le chef du village, quelques villageois et le Binoclard
se chargent d'achever la bête. Le Binoclard recueille le sang et le
partage avec le chef. À la nuit tombée, alors que la fête bat son plein,
nos deux amis pénètrent dans la maison du Binoclard dans le but de
subtiliser la valise pleine de livres. Ils doivent se cacher sous les
lits car le Binoclard et sa mère reviennent dans la maison chercher des
comprimés. Le Binoclard digère mal le sang de bœuf et une diarrhée
l'oblige à se précipiter dehors dans un champ afin de se soulager. Sa
mère le suit avec du papier hygiénique et nos deux amis en profitent
pour s'enfuir avec la valise.
CHAPITRE 3
Durant tout le mois de septembre, après le cambriolage, Luo et Ma lisent
livre après livre. Le Binoclard est parti sans oser les dénoncer. Le
chef du village étant parti à un congrès des communistes du district
dans la ville de Yong Jing, l'anarchie ne tarde pas à régner dans le
village. Luo et Ma refusent d'aller travailler aux champs et passent
leurs journées en compagnie de Balzac, Flaubert, Melville et Romain
Rolland.
Vers le milieu du moi, Luo se met en route pour le village de la Petite
Tailleuse avec « Le Père Goriot » dans sa hotte en bambou. Il doit
escalader un passage étroit, dangereux, formé par un immense éboulement
de terre, dû aux ravages d'une récente tempête. Un jour, Ma l'accompagne
pour la traversée de ce passage périlleux…
Le retour du chef au village. Il souffre d'un mal de dents aiguë.
Quelques jours plus tard, le tailleur arrive au village avec sa machine à
coudre et s'installe dans la maison de nos deux amis. Il y reçoit sa
clientèle composée principalement de femmes. Le soir, il demande à Ma de
lui raconter une histoire. Il explique que c'est pour cette raison
qu'il est venu s'installer chez eux. Ma lui raconte « Le comte de
Monte-Cristo » d'Alexandre Dumas. L'histoire dure neuf nuits entières…
Le chef exerce un chantage sur Luo, dont le père est dentiste, pour
l'obliger à soigner sa dent malade. L'aiguille de la machine à coudre du
tailleur sera donc utilisée…
Le dit du vieux meunier :
Étant allé couper du bois dans la vallée derrière son moulin, le vieux
meunier raconte comment il a surpris la Petite Tailleuse et Ma, nus
comme des vers, en train de se baigner dans un petite baie au pied de la
chute.
Le dit de Luo :
Luo raconte comment il a appris à nager à la jeune fille. Elle nage
maintenant comme un poisson. Dans un moment de découragement, il jette
son porte-clés dans la baie. La Petite Tailleuse plonge et le récupère
entre ses dents. Le jeu du porte-clés devient leur distraction favorite.
Un soir, en rentrant au village, Luo apprend par un télégramme,
l'hospitalisation d'urgence de sa mère et doit partir immédiatement.
Le dit de la Petite Tailleuse :
« Les romans que Luo me lisait me donnaient toujours envie de plonger
dans l'eau fraîche du torrent. Pourquoi ? Pour me défouler un bon coup
! » Elle raconte ce qui s'est passé la dernière fois avec le porte-clés.
Elle essaie de le récupérer mais touche à un serpent et se fait mordre
cruellement à un doigt. Elle abandonne donc le porte-clés au fond de
l'eau.
Avant son départ, Luo demande à Ma de devenir le garde du corps de la
Petite Tailleuse pendant son absence et d'assurer une présence
quotidienne à ses côtés. Ma accepte la mission, surpris et flatté. Il
remplace donc Luo comme lecteur auprès de la jeune fille. Il ne tarde
pas à participer aux travaux ménagers : ménage, préparation des repas,
lessive… Un soir en retournant chez lui, il est attaqué par un groupe de
jeunes gens du village, jaloux de lui. Il est en butte aux moqueries et
railleries et prend bientôt la fuite. Une pierre lancée par un des
garçons le blesse à l'oreille…
Au lendemain de son agression, la Petite Tailleuse confie à Ma qu'elle
est enceinte de Luo. Depuis deux mois, elle n'a plus ses règles. La loi
interdit l'avortement et elle ne peut mettre son enfant au monde hors
mariage. De plus, il est interdit de se marier avant l'âge de vingt-cinq
ans, elle en a dix-huit. Ma part donc en éclaireur dans la ville de
Yong Jing pour sonder les possibilités du service de gynécologie de
l'hôpital. Pendant deux jours, son approche demeure infructueuse. Il
essaie d'obtenir de l'aide d'un vieux pasteur mais celui-ci se meurt
d'un cancer à l'hôpital. En lui rendant visite, il réussit à entrer en
contact avec le gynécologue et lui offre un livre en échange de son
aide. Celui-ci accepte…
Trois mois après l'avortement, la Petite Tailleuse prend une grande décision… Balzac lui a fait comprendre une chose : « La beauté d'une femme est un trésor qui n'a pas de prix… ».
Principaux personnages
Le chef du village
Homme de cinquante ans, ex-cultivateur d'opium reconverti en communiste. Convoite le réveil en forme de coq de Luo.
Luo
Adolescent de dix-huit ans. Son père est un dentiste connu dans toute la
Chine pour avoir refait les dents de Mao avant la Révolution
culturelle. Luo possède un formidable talent de conteur. Il est amoureux
de la Petite Tailleuse. Pendant longtemps, la famille de Luo habita à
côté de la famille de Ma, sur le même palier. C'est le meilleur ami de
Ma. Il possède un réveil en forme de coq avec des plumes de paon qui
suscitera la convoitise du chef du village.
Ma
Adolescent de dix-sept ans. C'est le narrateur de l'histoire. Son père
est pneumologue et sa mère spécialiste des maladies parasitaires. Ils
travaillent tous les deux à l'hôpital de Chengdu, capitale du Sichuan.
Ma est musicien et possède un violon. Il joue du Bach, Beethoven et du
Brahms. Amoureux lui aussi de la Petite Tailleuse.
La Petite Tailleuse chinoise
Couturière. Son père est le tailleur de la région. Quand celui-ci est en
déplacement, elle reste pour garder la boutique. Elle est très belle,
une longue natte tombe sur sa nuque et possède les plus beaux yeux du
district de Yong Jing. Elle possède une nature primitive. Elle découvre
la lecture et les livres avec bonheur.
Le tailleur
Père de la Petite Tailleuse. Il mène une vie de roi. Il se déplace de
village en village avec sa machine à coudre pour se rendre dans les
familles qui ont besoin de ses services. Il n'emmène jamais sa fille
avec lui dans ses tournées. On cuisine pour lui les meilleurs repas,
parfois on tue même le cochon.
Le Binoclard
Adolescent de dix-huit ans, ami de Luo et Ma. Il souffre d'une grave
myopie qui le laisse presque aveugle sans ses lunettes. Son père est
écrivain et sa mère poétesse. Sa famille est aisée. Il possède une
valise pleine de livres d'auteurs occidentaux interdits en Chine. Il est
constamment en proie à la peur et est colérique.
Le vieux meunier
Très pauvre, ivrogne, connaît toutes les chansons populaires de la
région. Exploite un vieux moulin. Trempe des cailloux dans de l'eau
salée, les met dans sa bouche, les fait rouler entre ses dents, et les
recrache par terre. Il appelle ça « les boulettes de jade à la sauce
meunière ». Soupçonneux et irritable. Sa maison est infestée de poux.
La mère du Binoclard
Poétesse, très belle, riche. S'adonne au tricot tout en composant des
poèmes dans sa tête. Très maternelle et organisatrice accomplie.
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